E-dirham : Monnaie virtuelle au Maroc

Le Maroc est en pleine réflexion sur l’introduction d’une monnaie digitale nationale, un projet qui suscite un vif intérêt et des débats importants. En attendant une décision finale, le pays avance de manière méthodique, avec des étapes bien définies et des collaborations internationales. Cet article explore les progrès réalisés jusqu’à présent, les défis à venir, et les implications potentielles de l’introduction de l’e-dirham dans l’économie marocaine.

L’e-dirham, bien qu’encore à l’état de concept, se rapproche peu à peu de la réalité. Bank Al-Maghrib (BAM), la banque centrale marocaine, s’engage avec détermination dans ce projet. Abderahim Bouazza, directeur général de BAM, a récemment partagé des mises à jour lors de l’événement Gitex Africa, révélant les deux premières phases de développement de la monnaie digitale. Selon lui, les études menées depuis 2021 visent à examiner la faisabilité et la gestion potentielle d’une monnaie digitale de banque centrale (CBDC). La première phase exploratoire a permis de tester les paiements de détail en monnaie digitale et d’évaluer certaines fonctionnalités de ce système. La deuxième phase, quant à elle, se concentre sur la réalisation d’une preuve de concept (POC) avec l’assistance technique de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI).

Parallèlement à ces développements, la technologie des crypto-actifs est également prise en compte. Bien que les crypto-actifs représentent un défi politique en raison des risques associés, une partie de la population marocaine les utilise déjà, principalement à des fins d’investissement. BAM a donc opté pour une régulation stricte de leur usage, afin de protéger les utilisateurs et de préserver l’intégrité des marchés financiers. Une loi est en cours d’examen pour encadrer cette utilisation.

En 2021, Abdellatif Jouahri, wali de BAM, avait annoncé la mise en place de plusieurs commissions dédiées à ces questions. Une commission se concentre sur la monnaie électronique de la banque centrale, tandis que les deux autres surveillent les crypto-actifs et les évolutions du marché. BAM observe attentivement les expériences étrangères, notamment celles de la Banque centrale du Canada, de la Banque centrale d’Angleterre, et de la Banque centrale de Suisse. Cette approche permet au Maroc de rester à jour et d’éviter une fracture entre les avancées internationales et le marché intérieur.

Un déploiement graduel est envisagé, avec une distinction claire entre la monnaie de gros et la monnaie de détail. Initialement, la monnaie digitale pourrait être utilisée exclusivement dans les relations entre la banque centrale et les autres banques. Ce n’est que dans une seconde phase que la monnaie de détail serait introduite, permettant ainsi son utilisation par le grand public.

L’intérêt croissant pour les monnaies digitales

L’intérêt pour les monnaies digitales n’est pas limité au Maroc. De nombreux pays explorent activement cette avenue, poussés par l’évolution rapide des technologies financières et les attentes croissantes des consommateurs. Les monnaies digitales de banque centrale offrent une série d’avantages potentiels, notamment une plus grande inclusion financière, une réduction des coûts de transaction, et une meilleure traçabilité des flux financiers.

Pour le Maroc, l’introduction de l’e-dirham pourrait transformer l’économie de manière significative. Elle pourrait faciliter les transactions, améliorer l’accès aux services financiers pour les populations non bancarisées, et renforcer la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent. Cependant, cette transition ne se fera pas sans défis. Les questions de cybersécurité, de protection des données personnelles, et de stabilité financière devront être soigneusement gérées.

Les défis à surmonter

La mise en place d’une monnaie digitale nationale présente plusieurs défis. Tout d’abord, la technologie sous-jacente doit être robuste et sécurisée. Les systèmes doivent pouvoir résister à des cyberattaques potentielles, qui pourraient compromettre la confiance du public dans la nouvelle monnaie. En outre, la protection des données personnelles est cruciale. Les utilisateurs doivent être assurés que leurs informations financières seront traitées de manière confidentielle et sécurisée.

Ensuite, il y a la question de la stabilité financière. L’introduction d’une nouvelle forme de monnaie pourrait perturber les systèmes financiers existants. BAM devra veiller à ce que la transition se fasse de manière ordonnée, en minimisant les risques de volatilité et d’instabilité. Cela nécessite une planification minutieuse et une collaboration étroite avec d’autres institutions financières et les régulateurs internationaux.

Enfin, l’acceptation par le public est un facteur clé. Pour que l’e-dirham soit un succès, il doit être largement accepté et utilisé par les citoyens et les entreprises. Cela nécessitera des campagnes d’éducation et de sensibilisation pour expliquer les avantages de la nouvelle monnaie et rassurer le public sur sa sécurité et sa fiabilité.

L’avenir de l’e-dirham

Si le Maroc parvient à surmonter ces défis, l’e-dirham pourrait devenir un pilier central de son économie numérique. Il pourrait faciliter les transactions commerciales, améliorer l’efficacité des paiements gouvernementaux, et renforcer l’inclusion financière. De plus, il pourrait positionner le Maroc comme un leader régional dans le domaine des technologies financières.

L’introduction de l’e-dirham pourrait également avoir des implications plus larges pour l’économie mondiale. Elle pourrait encourager d’autres pays à adopter des monnaies digitales, accélérant ainsi la transition vers une économie mondiale plus numérisée. Les leçons tirées de l’expérience marocaine pourraient servir de modèle pour d’autres pays en développement, montrant comment une monnaie digitale peut être mise en œuvre de manière efficace et sécurisée.

Pour finir…

En conclusion, l’e-dirham représente une opportunité excitante pour le Maroc. Bien qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, les progrès réalisés jusqu’à présent sont prometteurs. Avec une planification soigneuse et une exécution rigoureuse, l’e-dirham pourrait transformer l’économie marocaine et ouvrir la voie à un avenir numérique plus inclusif et prospère. Le Royaume est sur le point de franchir une étape historique, qui pourrait redéfinir la manière dont les transactions financières sont effectuées et perçues dans le monde entier.

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Author: Maroc